C'est le crépuscule à Port-Royal.

Au port, la silhouette écarlate des voiles de la Marie Sanglante se balance doucement au gré de la houle. Les marins sont en permission dans le port, et une bonne partie d'eux dépensent leurs gains dans des bordels jalonnant les quais.

Au Galion, Torben Badenov est venu trouver une boisson de meilleure qualité à défaut d'une catin – pour cela, il n'aura qu'à claquer des doigts en redescendant vers le port. Les affaires des contrebandiers avec les pirates ont été stoppées suite au meurtre de Selvane Ralj, le temps de déterminer si la guilde a quelque chose à y voir.

Cependant, un message a été convoyé jusqu'à Selwyn Robinson par l'Audacia qui a touché terre à peine le temps de débarquer Owen Kennedy et Charlotte Fitzherbert. Tandis qu'Owen parlemente avec le maître des lieux, Charlotte garde un œil sur la salle. Et ne voit pas immédiatement Torben entrer...

Torben, à toi l'honneur. Je vous rappelle que personne ne sait que Selwyn Robinson est le grand maître de la Guilde des Contrebandiers et seuls les pirates savent que le Galion est une plaque tournante de ses activités dans les Caraïbes.

Nouveau port, nouvelle arrivée. Port Royal. Je crache par terre. Je n'aime pas cet endroit. Repaire à pirates. Des coupeurs de bourse et des pilleurs de tombe. Je n'ai jamais eu confiance en cet endroit. Je n'aimais pas en fait, je crois, relâcher à d'autres endroits que dans les ports contrôlés par nos commanditaires. Sans doute avais je tué trop de gens issus de ces îlots pour me sentir serein. Je me sentais sur mes gardes, bien que j'étais confiant en mes capacités. Personne ici n'était capable de me battre en duel. Mais à un contre dix, les mauvais coups risquaient de pleuvoir. Je jetais ma bouteille de rhum contre un mur, la brisant en une multitude de débris. Mes hommes étaient à terre et semblaient respecter les consignes. Quartier libre pour tout le monde, mais jamais autrement que par groupes de trois. Pas plus nombreux pour éviter les débordements, et pas moins que trois pour éviter de se retrouver piégés en cas d'embuscade d'un parti adverse. Ni moi, ni le capitaine, n'avions confiance en ce qui semblait fait l'autorité à faire, et perdre des hommes dans des bagarres ou des empoignades n'était pas à l'ordre du jour. Jusque là, je n'avais pas observé de frictions trop évidentes. Les hommes pouvaient boire tout leur content et aller taquiner la catin, mais rien de plus. Evitons de faire des vagues. Le seul point chaud que j'avais pu voir avait été une bagarre provoquée par trois de mes artilleurs, prenant de force une prostituée après un désaccord sur le tarif. Le souteneur et sa bande n'avaient pas apprécié, et il avait fallu que je mobilise toute ma diplomatie puis mon épée, pour calmer le jeu.


Maintenant, c'était mon tour de prendre du bon temps. J'avais été tenté d'aller me trouver une fille, de me réchauffer l'âme entre ses cuisses. Mais je n'en avais pas vraiment envie, au final. Je ressortais d'une semaine passée à terre avec Maddalena et j'avais croisé deux filles dans le butin de notre dernière prise; j'avais eu la primauté de leurs corps pendant quelques jours. Je me sentais las, et épuisé. Je me serais bien attaché à prendre une bonne cuite pour trouver le soleil. Dormir dans un vrai lit, peut être. Une cruche de bon vin ou de bière venue d'Europe. Ici, ils ne connaissaient que le rhum et ce drôle de vin que l'on tirait des îles. J'avais vraiment envie de me détendre, maintenant que ma soif de sang avait été étanchée par la prise d'un bâtiment tout entier au large de Campeche. Je revoyais encore la frégate anglaise que nous avions laissé à la dérive, ses hommes pendus aux mâts et aux cordages. Navire ni coulé, ni brûlé. Nous l'avions laissé à flot, à la dérive. Nous savions que cela répandrait bien plus de panique que tout combat brutal que nous pouvions provoquer.


Je poussais finalement la porte d'un établissement appelé « Le Galion ». Je ne le connaissais pas. D'ordinaire, je préférais prendre le quart dans le navire, le surveiller et aider aux réparations de fortunes et autres surveillances de prisonniers. On m'apportait boissons et catins, mais ce soir, le capitaine était de fort mauvaise humeur et avait pris ma place, ne préférant pas quitter la Marie Sanglante. Je pris le parti de m'asseoir dans un coin, après qu'une serveuse m'aie amené une cruche de rhum ambré. Je humais l'odeur de la boisson. Puissante et sucrée. Ce serait un bon rhum, qui me laisserait probablement ivre mort dans quelques heures. Ces boissons sont traîtres, bien que plus douces que ce qu'on buvait dans les froides contrées qui m'ont vu naître. L'ambiance semblait relativement bon enfant, comparé à ce qu'on voyait dans d'autres villes. Pas de tueries, pas de coucheries sur les tables, et le tout semblait relativement propre. Pourtant, je n'étais pas à l'aise, toujours pas. J'avais l'impression d'être observé. Je me retenais de poser la main sur le pommeau de mon épée, mais repérais tout de même les sorties, juste au cas où... C'est en promenant mon regard que je vis quelque chose qui m'alerta. Une femme à l'air sévère gardait visiblement la confidentialité d'une conversation entre deux hommes derrière elle. Truc louche en cours? Je n'en savais rien. Mais le visage de la jeune femme, ou plutôt sa façon de se tenir, m'interpellait. J'avais bien l'impression que je n'avais pas affaire avec une catin, ni avec une serveuse... Un air sauvage dans ses yeux m'alertait un peu plus. Je pouvais jouer mon va-tout, en bon impétueux que je suis. Je finis mon gobelet d'alcool d'un trait, ignorant la douleur de mon estomac, puis me relevais et m'avançais droit sur la jeune femme. Je devais en savoir plus, et je savais qu'en quelques mots, je serais fixé. Je vins m'approcher par le côté et passais ma main derrière la taille de la femme, prenant l'air d'un individu groggy par l'alcool.


| Bonjour ma jolie... Un petit tour sur la Marie Sanglante, ça te dirais? |

« AUDACIA ! AUDACIA ! »

Comme à chaque fois que le navire mouillait à un port, les habitants l'acclamaient, scandant son nom comme celui d'un visiteur de marque. C'était à Port Royal, que le navire des légendes se posait aujourd'hui. Le soleil soleil commençait peu à peu à décliner, illuminant de sa douce lumière tamisée la citadelle anglaise, repère secret de pirates et de contrebandiers, mais ça, très peu de gens le savaient. Seuls les pirates savaient que dans Port Royal se trouvait, caché aux yeux de tous en une simple auberge, un lieu important des activités des contrebandiers. Et c'était une des raisons pour lesquelles le navire y jetait l'ancre. De nombreux habitants s'étaient déjà pressés au port pour admirer sa beauté, se bousculant sur le ponton pour mieux la voir, la légende des mers, ruisselante de liberté et d'insolence. De la proue à la poupe, jusqu'au bout des voiles, l'Audacia semblait défier quiconque voudrait l'enchainer. A son bord, l'équipage, hommes & femmes, figures même de cette liberté revendiquée, observaient les curieux de Port Royal, adressant de temps en temps des signes de la main à ceux qu'ils connaissaient. Comme à l'habitude, les escales rendaient les pirates du navire heureux, faisant régner une atmosphère euphorique sur tout le bâtiment, les rires se faisaient entendre partout.

L'une de ces pirates était tranquillement installée, appuyée le dos contre le rebord du navire, observant les allées et venues des membres de l'équipage. Charlotte Fitzherbert, la belle et froide pirate, la belle rose de l'Audacia, aussi vulnérable que ses épines sont aiguisées, attendait. Les yeux clos, écoutant les bruits si familiers de la ville de son enfance, un léger sourire se dessina sur les lèvres de Charlotte lorsque les effluves familières de poissons, d'épices et de sueur vinrent lui titiller les narines. « Dieu que c'est bon de rentrer chez soi » murmura t-elle. Charlotte adorait sa vie sur l'Audacia, vie de combats et d'abordages, entourée d'autres flibustiers, devenus avec le temps aussi fiers à son cœur qu'une famille. Sa famille. Mais surtout cette vie, c'est une vie de liberté, dirigée par le seul maitre des vents, sans convenances ni jugement. Mais aussi une vie ou Charlotte s'était construite, avait grandi quelque part, en effet, au contact des pirates, elle s'était endurcie, ne laissant plus rien paraître de ses émotions ou sentiments. Pourtant, malgré tout ce qu'elle avait appris sur le navire, elle aimait ces escales dans la ville ou elle avait grandi, sentir à nouveau les odeurs de la ville, revoir les visages familiers .. comme revenir en arrière.

« Charlotte ! »

La jeune femme ouvrit les yeux, tirée de ses pensées par la voix d'Owen.

« Nous y allons »

Sans un mot, Charlotte suivit le jeune homme vers la citadelle ; ce dernier avait pour mission de parlementer avec le tavernier du Galion, Selwyn Robinson, et la jeune femme devrait surveiller que cette conversation reste bien confidentielle. Le soleil déclinait de plus en plus lorsque les deux pirates mirent pied a terre. Alors qu'ils s'avançaient vers la taverne, Charlotte garda obstinément les yeux rivés devant elle, se refusant à croiser le regard des passants, de peur que ces yeux tombent à nouveaux sur ceux du jeune forgeron qui avait réussi à transpercer ce cœur de glace. Enfin, l'échoppe de bois apparu aux pirates. Owen s'arrête, observant un instant le panneaux de bois écaillé par les années indiquant le nom de l'établissement, puis lança un rapide regard en direction de sa complice. Bien qu'ils n'étaient pas proches à proprement parlé, un regard suffisait à ce qu'ils se comprennent, Charlotte ressentait cette affection discrète et pudique pour la plupart des autres pirates de l'Audacia, bien qu'elle ne leur montrais jamais, elle était entièrement dévouée à chacun des membres de cette grand famille, ils se connaissaient, sachant exactement quoi faire. Puis, ils entrèrent dans l'auberge. Grande et propre, chaleureuse, l'auberge était très accueillante, le bois qui recouvrait les murs et les meubles li rappelaient presque l'intérieur d'un navire, sans les agréables soubresauts des vagues, évidement. Comme prévu, Owen aborda le maitre des lieux, tandis que la jeune femme s'installa une table, puis commanda un verre de vin. Charlotte pris une gorgée, fermant les yeux en savourant la boisson, cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas gouté d'aussi bon. De longues minutes passèrent, durant lesquelles, la jeune femme observait les visages des personnes attablées, certains semblaient déjà ivres morts tandis que d'autres jouaient aux dés, le tout dans une cacophonie agréable et chaleureuse. Soudain, Charlotte sentit ne main se poser derrière sa taille, ainsi qu'une voix.

« Bonjour ma jolie... Un petit tour sur la Marie Sanglante, ça te dirais »

La jeune femme se retourna violemment vers l'ivrogne qui avait osé l'aborder. Son visage ne lui était pas inconnu, elle devait surement l'avoir déjà vu lors d'affrontements avec la Marie Sanglante. Instinctivement, elle sortit la dague, une petite arme brillante et dangereuse, au manche d'ivoire ouvragé, acheté dans l'une des meilleures armureries de la ville, Charlotte le gardait toujours sur elle, au cas où. Aujourd'hui néanmoins, elle préférait éviter l'affrontement, tant que cela était possible, évidement, car elle savait que les Corsaires détestaient les Pirates, encore plus quand ces derniers étaient fidèles à l'Audacia, et la réputation des hommes de la Marie Sanglante n'était plus à faire. Oui, valait mieux privilégier les mots que les armes contre ces gens là.

« Je n'ai jamais vraiment aimé les lits de la Marie sanglante .. ni ses hommes » répliqua elle, froidement.

Citation :

HJ : Désolée du retard, j'ai eu pas mal de boulot, entre les cours, organisations de soirées d'anniversaire, tout ça.

a jeune femme se retourna d'un bond dans ma direction. De toute évidence, elle ne s'était pas aperçue que quelqu'un s'avançait vers elle. De toute évidence, je savais encore me montrer terriblement silencieux. Bien entendu, cela découlait d'une pratique longue et intense et la clandestinité. Entre les vols, certains pillages délicats ou des coups de main audacieux, j'avais eu plus que le temps nécéssaire pour perfectionner mes talents. Je ris de bon coeur alors que je voyais le visage courroucé de ma « victime » De toute évidence, je n'avais pas affaire à une fille de joie ni à une des serveuses, sinon, elle se serait montrée autrement plus avenante. Qui était elle alors, et que faisait elle dans un bouge pareil? Je me posais tout un tas de questions, que je masquais sous l'air patibulaire d'un corsaire ivrogne en quête de femmes fraîches. Ca marchait presque toujours; déjà en tant que membre de l'équipage de la Marie Sanglante, on ne me prenait le plus souvent que pour un espèce de demeuré, une brute sanguinaire, redoutable au combat mais dénué de la moindre intelligence. Erreur fatale. Je n'étais pas un savant en puissance, loin de là, mais je n'étais pas le dernier des imbéciles non plus. La vie sur la Marie Sanglante n'était pas de tout repos, mais j'avais toujours pris le soin de me cultiver. Et j'avais été aidé en cela par l'accès quasi-inépuisable aux livres pris dans tous nos pillages. C'était l'avantage d'être le seul en dehors du capitaine à m'intéresser à la lecture, bien que le médecin de bord soit un érudit dans son genre aussi.


Elle avait tiré un poignard. Fine lame, une quinzaine de centimètres de long tout au plus. Guère plus de quelques centaines de grammes. Si on devait se battre, je devrais me tenir à un bon mètre d'elle, et profiter de l'allonge supérieur de mon épée. Je savais que je pourrais la battre avec aisance si jamais les choses dégénéraient; pourvu que je sache m'éloigner suffisamment de cette petite lame qui évoquait chez moi un dard mortel. Pourtant, l'attitude belliqueuse de la jeune femme sembla se calmer lorsqu'elle vit qui j'étais. Elle avait l'air de me reconnaître, pas en tant que personne mais en tant que membre de l'équipage de la Marie Sanglante. Avions nous déjà été confrontés? Son visage ne me disait rien, et j'étais presque aussi certain de n'avoir jamais rançonné ou violé cette femme là. Froide, elle me répondit qu'elle n'avait jamais aimé les lits de la Marie Sanglante, ni ses hommes. Je souris un instant, puis je pris un air des plus outrés.


| Oh, je me sens horriblement vexé! Mais as tu seulement déjà goûté au luxe de la chambre du second en personne? Tu n'as pas dû rencontrer les types les plus avenants qui soient sous mes ordres... |


Je poussais mon avantage jusqu'à révéler clairement mon identité. Je savais bien que je prenais des risques, mais si mon interlocutrice était déjà impressionnée par mon appartenance au plus terrible navire qui soit, je comptais bien renforcer ce sentiment en lui montrant que j'étais sans doute le plus féroce et le plus mauvais d'entre eux. Je fis mine de m'intéresser à ce qu'il se passait derrière la jeune femme, posant tout de même mine de rien une main sur le fourreau de mon épée. Si jamais elle décidait de m'attaquer en traître, elle saurait à qui parler. En sus, cela me permettait tacitement de montrer que j'étais prêt à en découdre et à me plonger dans une débauche de violence, si jamais ce qu'elle répondait ou faisait ne me plaisait pas.


| Qu'est ce que tu caches, petite chérie? J'ai bien vu qu'il se passait quelque chose. Vois tu, je suis d'un naturel curieux. EN ce moment même, je me demande ce qui requiert la protection d'un guetteur comme tu sembles le faire maintenant. Je me suis toujours intéressé aux trucs louches, vois tu. Et là, ça pique ma curiosité au vif. Pourquoi ne m'introduis tu pas auprès de la discussion? Qui sait, je peux peut être apporter quelque chose à ton chef... |


J'avais envie de provoquer un sacré bordel, ce soir. Et j'eus immédiatement une idée qui allait répandre l'explosion, et qui me permettrait peut être de découvrir ce qu'il se passait. J'attirais le corps de la jeune femme à moi.


| Mais d'abord, peut être qu'il pourra me faire un prix pour tes bons soins... |

Le regard de Charlotte était fixé sur l'ivrogne ou plutôt le corsaire, ainsi, son interlocuteur n'était autre que le second de la Marie Sanglante, le bâtiment corsaire dont la simple évocation faisait trembler d'effroi le plus terrible des flibustiers. Son équipage de corsaires, ennemis jurés des pirates, aux cœurs emplis de cruauté et de perversion étaient presque devenus des légendes dans les Caraïbes au même titre que celui, libre & fier de la superbe Audacia. Lors de ses escales, Charlotte avait même déjà entendu des parents se servir du nom du fier navire aux voiles de sang pour coucher leurs enfants turbulents. Pourtant, cela ne l'effrayait pas, au contraire, au fil des combats, l'aristocrate avait appris que connaitre son adversaire pouvait s'avérer primordial au combat. D'un regard, un bon combattant devait être capable d'anticiper les coups de son adversaire, pour mieux les contrer, puis repérer les points faibles pour mieux les attaquer.

Elle n'avait pas quitté l'ivrogne des yeux, lançant un rapide regard de temps en temps en direction de l'épée qui pendait à la ceinture du corsaire. Si il la sortait, elle serait prête à riposter, sachant qu'il faudrait être rapide, si le corsaire réussissait à s'éloigner d'elle, il aurait plus de chance de la blesser. Imperceptiblement, elle resserra sa prise autour de sa dague; Bien que son ennemi, pris par l'alcool ne semblait pas dangereux, il pouvait être imprévisible. Charlotte était une femme très prévoyante et prudente, mais surtout, c'était une femme froide & dure, ne dévoilant jamais ses sentiments & émotions, au fil des années, la belle pirate s'était forgée une carapace, y cachant ses blessures. Pourtant, ses yeux bleus ne mentaient jamais, dévoilant les faiblesses qu'elle cachait, aujourd'hui, son regard d'azur était froid, dur, une lueur presque haineuse s'y trouvait alors qu'elle observait l'ivrogne, ainsi qu'une teinte de défi, comme si elle défiait le corsaire de tenter quelque chose.

Lorsque l'homme esquissa un geste vers Owen et le patron de la taverne derrière elle, Charlotte esquissa un mouvement, prête à intervenir. Il évoqua l'idée d'interrompre cette discussion primordiale, ce qui mettrait en échec la mission. Le corsaire ne devait pas savoir que la taverne était une plaque tournante de ses activités dans les Caraïbes, ni même découvrir qu'elle & Owen étaient des pirates, membres équipage de l'Audacia. Qui, de surcroit étaient le rival, l'ennemi juré du navire corsaire. Tout à coup, Charlotte sentit la main du corsaire l'attirer à lui, s'occupant de son arme, elle ne s'attendait pas à ce qu'il s'attaque directement à elle.

« Lâchez-moi » s'exclama t-elle.

Charlotte fronça le nez alors qu'une forte odeur d'alcool émanait du corsaire, puis elle se débattit, tentant de se libérer des bras puissants, visiblement habitués à l'exercice, qui l'enserraient. La pirate ne put s'empêcher une grimace de dégout lorsque il évoqua ce qu'il voulait faire d'elle. Autouur d'eux, quelques badauds les observaient, certains avec intérêt, attendant avec impatience que l'ivrogne la déshabille, d'autres semblaient révoltés, sans pour autant intervenir, surement effrayés par la réputation du corsaire. « Oh crois moi, tu peux toujours rêver » songea elle. Rapidement, elle reprit ses esprits, passée la surprise, elle devait se défendre avant qu'Owen ne vienne à son secours, mettant ainsi en danger le bon fonctionnement de la mission. La jeune femme attaqua, son poignard traça une estafilade écarlate sur la joue de son agresseur, tandis que son genou le frappa avec violence à l'entrejambe.

« Vous ne me toucherez pas, et soyez heureux que ce soit votre joue que je taille et non vos attributs .. »

J'éclatais de rire alors que je me rendais compte que la jeune femme avait été surprise par mon audace. Tant mieux. Imprévisible, c'était ainsi que les audacieux pouvaient rester en vie. Toujours opter pour le choix le plus dangereux et le plus insensé, être le seul capable de choisir pareille chose. Je l'avais prise dans mes bras, et elle m'intima l'ordre de la lacher. Que pensait elle? Que j'étais un bisounours [l'anachronisme de malade!]? Ou que j'étais une sorte de pourceau incapable de penser? Visiblement un peu des deux, et elle eut même l'impudence d'afficher son dégoût. Par contre, je fus totalement pris au dépourvu lorsque l'inconnue me balança un coup de poignard en plein visage, suivi d'un coup de genoux en plein dans les parties. Des fleurs de sang explosèrent devant mes yeux alors que la douleur se répandait dans tout mon corps. Je n'entendis qu'à peine les paroles pleines de fiel qu'elle me sortit. Cette damnée garce savait elle seulement à qui elle avait à faire? Probablement pas, sinon elle n'aurait jamais osé lever la main sur moi. Je me retins de tomber à genoux sur le sol, mais je ne pus m'empêcher de reculer sous la violence du coup. J'hurlais un instant d'une douleur fulgurante. Je n'avais pas conscience que l'intégralité de la salle se tournait vers moi. Il me fallait quelques dizaines de secondes pour reprendre contenance. Je me sentais désormais terriblement fragile au niveau de mon entrejambe, comme si j'étais atteint par quelque affliction. Mes parties génitales étaient douloureuses et envoyaient des signes de souffrance jusque dans mon cerveau de façon épisodique; les élancements étaient atroces mais je n'étais pas tué ni blessé. Par contre, mon visage me fit un mal de chien. Je passais mes doigts dessus alors que je reprenais conscience de mon environnement. Mes doigts palpèrent la blessure. Je ne tressaillis pas, la douleur était de toute façon déjà importante. La blessure n'était profonde que d'un ou deux millimètres, mais le sang coulait abondamment sur mon visage, comme à chaque blessure reçue à cet endroit.


Il me fallut de longs instants durant lesquels je calmais ma douleur et ma respiration. Je finis par rouvrir les yeux. J'avais affronté bien trop de choses, subit bien trop de blessures pour me laisser arrêter par une vulgaire catin qui essaie de me taillader. Alors que je pose sur elle un regard bestial, un sourire horriblement mauvais se peint sur mon visage. Je souris de toutes mes dents. Je suis réjouit. Un instinct de meurtrier s'éveille en moi, et irradie mes sens de ses cruelles pensées. Je sais ce que je vais faire. Ce sera violent. Je souris de plus en plus. Je finis même par éclater d'un rire dénué de joie, mais emprunt de sombres promesses.


| Et qu'est ce que tu vas faire, petite sauvageonne? M'agiter ton canif sous le nez pendant que je te prendrais, corps et âme, avant de te donner en pâture à mon équipage? Seigneur, qu'est ce qu'ils seront contents d'avoir un peu de chair frâiche... |


Je tirais lentement, dans un geste théâtral, mon épée du fourreau, et la tenait au dessus de ma tête, de sorte à attirer le regard de la foule.


| Que tout le monde soit témoin! En ce jour, je déclare une rancune de la « Marie Sanglante » toute entière contre cette femme! | proclamais je haut et fort


Parlant d'une voix nettement plus mesurée, je dévoilais un sourire carnassier en accrochant le regard de celle qui venait de devenir mon ennemie.


| Et cet affront ne sera lavé que dans le sang, le viol ou la rançon... |


Je me jette sur mon adversaire, sabre au clair. Je vise son arme. D'abord la désarmer, puis l'humilier. Je feins une attaque directe sur son arme. Mais je retourne ma lame au dernier moment, et vise son flanc. Oeil pour oeil, dent pour dent. J'ai l'avantage de la force et de l'allonge, avec mon épée.

Charlotte raffermit sa prise sur sa dague lorsque le corsaire poussa un cri de douleur. Apparemment, sa double attaque avait fait ses effets, il semblait souffrir énormément. Charlotte sourit, fière de s'être débarrassée des bras de l'homme. Il ne s'y était pas attendu, ce qui lui avait fait défaut. « Anticiper, toujours anticiper. » Charlotte se remémora ces paroles du capitaine Jedidiah, mots qu'il lui avait tant de fois répétés lors de ses premiers combats. Elle, la jeune aristocrate perdue au milieu des pirates, aurait pu bien des fois se faire tuer sans les conseils de ses compagnons et de son capitaine. L'image de la jeune adolescente fragile qu'elle était lui revient en mémoire, sa venue sur l'Audacia, ses premiers armes, son premier abordage. Charlotte pouvait presque entendre à nouveau le bruit des canons, les cris de ses camarades, elle pouvait presque sentir à nouveau les odeurs âcres des épices que contenait le navire abordé, tant le souvenir était présent. C'était en effet l'un de ces souvenirs forts, ceux qui sont tellement puissants qu'ils ne quittent jamais totalement notre mémoire, ces bribes d'images, de sons et d'odeurs qui reviennent frequement en mémoire. Presque machinalement, la pirate caressa du bout des doigts le relief d'une vielle cicatrice sur son flanc, souvenir de la blessure reçue ce jour là; Faute de prudence, elle n'avait pas vu venir la feinte, pourtant évidente. Sans Denise et ses merveilles, cette blessure l'aurait surement tuée. Soudain, la tirade menaçante du corsaire, enfin remis de ces douleurs, la tira de ces souvenirs.

Promesse de mort & de souffrance, voila ce qui se cachait derrière la menace du corsaire. Son rire; froid, dénué de toute joie, ne faisait qu'appuyer ses propos, leur donnant cette consonance cruelle, emplie de perversion & de haine. Pourtant, elle ne cilla pas, avec le temps, Charlotte avait appris à ne pas montrer ses émotions, et même si cette menace l'effrayait quelque peu, elle ne le montra pas, restant froide et hautaine. Elle savait qu'il ne plaisantait pas, la réputation de l'équipage du navire aux voiles de sang n'était plus à faire, provoquer la haine du second en personne était pure folie. D'autres avait du subir son courroux pour moins que ça. Se faire humilier publiquement par une femme, pirate de surcroit, devait avoir touché l'ego du corsaire; Il voulait lui faire payer cet affront. Charlotte le savait, mais elle se devait de ne point montrer la peur qui commençait à tirailler ses entrailles. Au contraire, elle haussa légèrement le sourcil. Narguant le vicieux corsaire. « Quitte à mourir, autant le faire bien » songea-elle. Ainsi, elle ne frissonna même pas lorsque il évoqua de la violer et de la tuer. Son regard se porta rapidement sur Owen, d'un signe de tête, elle lui fit comprendre de s'éloigner, continuer la discussion avec le tavernier au calme, là ou le corsaire de la Marie Sanglante ne pourrait empêcher la mission. Le pirate hésita, il se doutait que Charlotte aurait du mal à l'affronter, mais il avait sa mission. Elle importait, plus que le reste. Le capitaine avait été clair, rien ne devait perturber cette discussion. Rien. Ainsi, il se leva, puis partit dans la réserve avec Selwyn, lançant néanmoins un regard à Charlotte. Celle-ci sourit légèrement, si elle l'appelait, il serait là.

A peine eu elle quitté des yeux son ami que le corsaire attaqua. Il avait l'avantage de la force, et de l'allonge de son arme. Elle avait l'agilité. La lame de son adversaire courba vers sa dague, avant de s'attaquer à sa flanc, Charlotte n 'eu pas le temps de l'éviter, et sentit la lame s'enfoncer dans sa chair, heureusement, elle eu néanmoins le temps de reculer avant que la lame ne s'enfonce trop profondément. La blessure saignait néanmoins abondamment, et Charlotte ne put retenir une grimace de douleur lorsque elle commença à ressentir les effets de la blessure, alors qu'elle reculait. Si cette blessure ne la tuerait pas, elle était assez profonde pour la ralentir.

« Je n'ai aucunement peur de toi, corsaire. Je ne suis pas une vulgaire créature des bas-fonds dont ton équipage profitera, car ces chiens ne mérite même pas la pire des catins. Et surement pas moi. Les pirates n'ont jamais courbé l'échine devant les corsaires, et ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer. Je me rie de tes menaces, tout comme l'Audacia se rie bien de la Marie Sanglante ! »

Elle avait choisit d'enfin révéler son statut de pirate, et plus important encore, le nom de son navire. Provocation, ou simple tentative d'effet de surprise ? Elle même l'ignorait, mais à vrai dire, à ce stade, toutes les possibilités de gagner du temps, que ce soit des minutes ou une poignées de secondes, étaient à prendre. Peut être que, en cas de capture, le nom de la fine fleur de la flotte d'Allister Ralj la sauverait ? Ou au contraire, la conduirait-il à sa perte ? Charlotte n'y avait pas réfléchit, tout ce qu'elle voulait, c'était gagner du temps, quitte à se condamner. Elle observa le corsaire, fière et hautaine, jusqu'au bout. Dans son regard, la flamme de haine & de défi brulait plus forte jamais, si un regard pouvait tuer, Badenov serait surement déjà mort. Presque imperceptiblement, elle pointa la lame de sa dague vers lui, se préparant à une autre attaque. Ses yeux de glace allant du visage de l'ivrogne pas tellement saoul que ça, à son épée. « Anticiper, toujours anticiper. » lui murmura à nouveau le capitaine, dans ses pensées.

Citation :

HJ : Désolée Torby-Kiwi (C'est Denise qui m'as dit de t'appeller comme ça ! haha) Il n'est pas exceptionnel, j'aurais pu faire mieux, mais je préférais répondre avant que ne commence le rush de mes bacs blancs.

Je me sentais impatient, presque fébrile à l'idée d'en découdre. Il me semblait clair que je ne pouvais pas faire machine arrière maintenant; je venais ni plus ni moins de mettre en jeu l'honneur de mon navire et de mon équipage. L'honneur de ma patrie et de mon existence, en quelque sorte. Et à côté de ça, la soif de sang. L'instinct de meurtre. Mon être tout entier semblait tourné vers le seul accomplissement de la destruction et de la souffrance. Mes yeux voyaient chaque point faible, chaque endroit où glisser ma lame, chaque partie de mon environnement susceptible de m'aider à dominer ce combat. Mon esprit lui, imaginait à une vitesse inouïe les différentes alternatives qui s'offraient à moi. Et mon sang s'échauffait à l'idée du carnage que je pouvais provoquer. Comme au ralenti, je vis ma lame se retourner, et foncer droit sur la jeune femme. Le coup était loin d'être parfait; je désirais avant tout jouer avec ma victime plutôt que de la tuer du premier coup. Si j'aurais dû tuer, j'aurais plongé la pointe en avant, et non le tranchant. Vous aurez beau imaginer des tas de combats sans jamais voir des blessures du tranchant de l'épée s'avérer mortelles. Seules les coups d'estoc étaient porteurs de mort. Pour la taille, à part sectionner une artère ou trancher des gorges, oubliez vos idées de meurtre. A moins de disposer une large de trois pieds de haut, mais il faut à ce moment là deux mains et un espace considérable pour la manoeuvrer. Je grimaçais de contentement alors que je sentais par extension l'acier froid de mon arme s'enfoncer dans le flanc de la jeune femme. Le sang macula sa tenu et semblait fleurir comme des fleurs sur sa tunique, se répandant sans cesse en cercles à peu près concentriques. Du sang gouttait sur le sol, coulant de la plaie sur ma lame, et tombant ensuite. Elle se recula et je dégageais en un éclair ma lame de son corps. Inutile de rester bloqué avec le seul avantage d'une blessure superficielle. Le sang coulait pas mal. Cela affaiblirait ma proie sans la tuer.


Personne ne bougeait, tout le monde nous observait. Personne ne se mettrait jamais entre moi et ma victime. Il semblait évident à tous que le second de la Marie Sanglante était trop dangereux pour qu'on se permette de le défier. Ils avaient raison; je venais de faire une démonstration de mes compétences de boucher. J'étais confiant. Pourtant, je voyais une lueur assassine dans les yeux de ma proie, lueur qui démontrait des sentiments particulièrement violents en plus de l'assurance caractéristique des spadassins conscients de savoir se défendre. Ce scorpion était dangereux. Petit et facilement écrasable. Mais un faux pas, et je risquais la mort. Message compris, petite catin. Je vais te couper en rondelles et je vais prendre mon pied. Mais je resterais prudent. En dehors de la portée de ton arme. Un couteau n'est pas dangereux à plus de quelques dizaines de centimètres de son propre corps. Le bras n'est soit pas assez long, soit trop tendu pour permettre un coup efficace. Comme un félin blessé mais dangereux, elle me cracha qu'elle n'avait pas peur de moi, et continua ses insultes. Un sourire aussi arrogant que sauvage se peignit sur mes traits. Par contre, ce sourire s'effaça légèrement alors que le questionnement envahissait mon esprit. L'audacia? Les pirates? Etaient ils ici? De toute évidence... Personne d'aussi peu sain d'esprit ne se mettrait jamais à avancer pareille chose sans fondements. Cela changeait totalement la donne. Je devais prévenir le capitaine, et l'équipage. Nous étions menacés à terre. Et mieux encore, nous avions une opportunité. Leur navire devait mouiller non loin. Je devais en savoir plus. Mon sourire s'agrandit de nouveau.


| L'Audacia? Tiens donc. Ces amateurs sont donc ici? Intéressant, ça. Très intéressant. Non seulement je pourrais te vendre un bon prix, mais as tu seulement l'idée de ce que vaut un navire armé et équipé pour le Roy de France? Ou n'importe quel roi, d'ailleurs... Alors ma jolie, je te propose un marché. Je te tue rapidement et presque sans douleur, et surtout sans abuser de toi avant. Ou de te donner à mon équipage après; ils se fichent bien que tu ne respires plus. Et en échange de cette proposition magnanime, tu me dis où ton navire est ancré... Bon échange, non? Laisses moi t'exposer mes arguments! |


Je m'avançais d'un pas, et lançais un premier coup d'épée par le revers; mon bras partout du côté gauche, au niveau de ma cuisse, pour partir en diagonale, vers le haut et la gorge de mon adversaire. Le coup serait probablement facilement esquivé ou paré, mais je ne me laissais pas abattre. Je piquais du bout de mon épée. On s'attend le plus souvent à ce que cette technique soit couplée à un enchaînement de coups de taille, mais j'enchainais sur d'autres coups d'estoc, brutaux et de toutes mes forces. La tuer m'importait peu pour l'instant; je devais lui percer un muscle de ses jambes ou de ses bras pour m'assurer de la rendre incapable de me résister.

Pirate, corsaire - corsaire, pirate. Au centre du conflit, le cadavre de Selvane Ralj et l'outrage fait à la nation pirate par ceux de la Marie Sanglante. Le combat s'est engagé entre les deux membres de ces factions rivales : Charlotte défend l'honneur du pavillon noir, et Torben cherche à asseoir la suprématie des corsaires sur la nation pirate. Le combat aurait pu devenir général si un ennemi commun ne se dressait soudain contre eux : la garde anglaise de Port-Royal fait irruption au Galion.

Pour Charlotte, il s'agit de ne pas laisser les tractations de l'Audacia avec les contrebandiers tomber à l'eau - pour Torben, il s'agit de rejoindre son bord au plus vite, car les Français ne sont pas les bienvenus sur le sol anglais. Confrontés à cette situation, qu'allez-vous faire ? Vous entre-aider, ou vous entre-tuer ? Choisissez, et n'oubliez pas que Selvane se dresse entre vous, couverte encore de son sang versé...

Charlotte haussa un sourcil en voyant le sourire pervers du corsaire s’effacer légèrement ; Sa révélation avait visiblement fait mouche, l’effet de surprise espéré semblait réussi. Alors que le corsaire prenait la parole, Charlotte appuya la plaie béante de son flanc, tentant de calmer l’hémorragie tandis que son adversaire sifflait de cruelles menaces entre ses dents, tel un serpent. Un dangereux serpent, vil et patient. Ainsi, la belle ne put réprimer un léger tremblement en entendant la résonnance menaçante des propos de son adversaire. A peine que la pirate eu raffermit sa prise sur son couteau que le corsaire attaqua encore une fois, tel le serpent se jetant sur sa victime blessée ; Violent et brutal, Vil et rapide. Charlotte s’y attendait ainsi, elle para avec facilité le premier coup, visant sa gorge. Un coup brutal, visiblement destiné à l’égorger. Le corsaire ne se laissa pas abattre et attaqua encore et encore, avec toujours plus de violence et de coup d’estoc ; La pirate parait avec difficulté ces coups brutaux, presque bestiaux, elle était déséquilibrée par la violence des attaques, portées par la force d’un corsaire visiblement rodé aux combats, il était bien entrainé, autant physiquement que tactiquement. L’allonge de son arme, nettement supérieure à celle de la dague de Charlotte lui conférait un avantage peu négligeable. Pourtant, la belle attaquait, ignorant la douleur aigue qui la lançait à chaque fois qu’elle se mouvait, ignorant le liquide chaud qui s’écoulait le long de son flanc, ignorant que la victoire semblait compromise. Elle tentait de profiter des failles les plus infimes dans la défense du corsaire, attaquant avec plus de précision que de force, telle un scorpion attaquant de son dard. Précis et dangereux.

« Ma foi, ta proposition est alléchante, corsaire, et je dois dire que tes arguments sont .. Convaincants ? dit-elle en effleurant la plaie de son flanc. Mais je te propose autre chose ; Soit, je te tue ou je te tranche tes attributs, sans te révéler la position du navire, cela va de soi, que préfères-tu ? »

Sans lui laisser le temps de répondre, Charlotte attaquant, visant le bas ventre en manquant son coup de justesse, déchirant uniquement le tissu de la tunique de son adversaire. Tout autour, de nombreuses personnes quittaient la taverne, paniquées par le violent combat, d’autres restaient, observant le combat, acclamant bruyamment l’un ou l’autre des deux combattants, sans pour autant oser intervenir, surement effrayés par la violence de l’affrontement ... Ou par la réputation des deux combattants. L’un, second du navire aux voiles de sang ; connu, comme son équipage, pour sa sauvagerie et sa perversion, sa cruauté et sa force au combat. Et elle, pirate du non moins célèbre vaisseau libre, égérie des océans et des vents. La fine fleur de la nation pirate, étendard même du terme Liberté. Audacia. « A moins que cela ne soit par lâcheté » songea Charlotte en parant un violent coup de son adversaire. Une autre attaque manqua de la faire chanceler, la belle se rattrapa de justesse à une table avant d’attaquer de nouveau. Une flamme brulante de détermination sauvage brillait dans les yeux bleus de la jeune pirate.

Soudain, la porte de la taverne s’ouvrit brutalement, aussitôt, toutes les conversations, les cris s’étaient tus, Charlotte cessa le combat, étonnée par ce silence soudain, qui ne présageait rien de bon. Des soldats de la garde anglaise de la ville venaient en effet de pénétrer dans l’établissement de Robinson, certainement alertés d’un combat par l’un des badauds ayant quitté la taverne. Tout le monde s’étaient tus, observant tour à tour les soldats et les combattants, surement impatients de voir un combat qui serait encore plus intéressant ; le corsaire, la pirate et la garde ; Trois ennemis de toujours. Charlotte sursauta en pensant à ce qui se passait en ce moment même dans le sous-sol du Galion ; ces anglais pourraient compromettre sa mission ; celle de protéger les négociations entre l’Audacia et les contrebandiers. Elle savait pourtant que blessée, elle avait peu de chance contre ces soldats, mais elle ne devait défaillir, cette mission était trop importante, il y avait trop d’enjeux pour l’Audacia. La belle se mit à nouveau en garde de combat, retenant avec peine une grimace de douleur lorsque sa blessure la lança, comme pour lui rappeler le peu de chance qu’elle avait de l’emporter. Elle était prête à affronter tous les gardes si cela était nécessaire, prête à mourir s’il le fallait pour son navire et sa mission. Elle balaya du regard les soldats, ses yeux effleurant leurs armes, leurs postures de combat, Charlotte jaugeait ses adversaires, cherchant la moindre faille, la moindre faiblesse à exploiter. Puis, sans prévenir, elle attaqua un premier garde comme une furie, motivée par la pensée de sa mission ; elle ne devait échouer, elle le savait ; Cette pensée la poussait inexorablement vers ce combat.

Il ne me fallut guère longtemps pour prendre l'ascendant sur mon ennemie. Pourtant, j'avais bien conscience que cela n'était pas dû à mes avantages physiques ou tactiques. J'étais plus grand; cela me permettait de frapper plus durement le visage ou le cou de la jeune femme. J'étais aussi plus fort, indéniablement. Un duel de force ne pouvait se conclure que par une seule issue; sa mise à mort. Je bénéficiais aussi d'une expérience forgée dans le sang et le feu, de dizaines de combats. Ma vie n'était plus que mort et destruction depuis tant d'années. Je ne pouvais pas nier que ma façon de me battre était plus guidée par l'expérience et l'instant que par mes autres atouts. J'avais aussi appris par exemple, durant un combat, que tout était permis, mais aussi souhaitable. Abattre un adversaire dans le dos n'était pas seulement une option. Tirer sur un adversaire désarmé n'était que faire preuve de prudence... Mais malgré toutes ces choses que je savais faire, je savais qu'une seule chose me séparait du danger; ma lame. Longue de plusieurs pieds de plus que la lame de mon ennemie, je pouvais parer rapidement, et attaquer. Frapper avec une lame pareille était un gage de force et d'allonge; je pouvais rester suffisamment loin de la pirate pour qu'elle soit bien incapable de me toucher. Elle pouvait encore feinter et se jeter sur moi, mais rester concentré était pour moi un gage de réussite. Et l'avantage que j'avais obtenu dès les premiers instants de notre duel était non négligeable; la douleur la tirait, et la fatiguerait. De plus, elle devait y faire attention, de peur que je ne l'éventre tout à fait. Oui, décidément, tout était bien partit.


Mais elle attaqua de la pointe, comme un scorpion esseulé qui cherche à piquer mortellement sa proie. Je parais à mon tour du plat de ma lame; je savais que je ne pouvais pas me permettre la moindre blessure, si je voulais m'assurer la victoire. Sa lame ripa un instant contre la mienne et m'entailla la jointure des doigts tenant mon épée; un peu de sang coula; la douleur était forte, mais je n'avais perdu aucun doigt. Je serrais les dents et contre attaquais derechef. Elle me brava, mais je ne l'écoutais pas. Je ne pouvais pas faire autrement que de l'écouter, mais je n'eus pas le temps de lui répondre. L'arrogance des pirates. J'étais convaincu qu'elle se laisserait découper en rondelles, morceau après morceau, plutôt que de s'avouer vaincue. Oh bien sûr, la tuer et la laisser en lambeaux ne serait pas quelque chose que je ressentirais comme insoutenable, mais je sentais qu'il y avait autre chose derrière ce duel. Pourquoi accepter le combat alors qu'elle partait avec nombre de désavantages? Je n'en savais rien. Elle devait cacher quelque chose. Je voulais découvrir quoi. Et peut être qu'après l'avoir vaincue et désarmée, je pourrais aussi m'amuser un peu de son corps... Oui, j'en salivais d'avance, alors que je me défendais contre une nouvelle série d'attaques de sa part. Personne n'osait nous déranger.


| Je vois que tu fais une fixation sur ma virilité. Ne t'inquiètes pas, petite chose... Je te comblerais bien assez tôt! |


Mais la porte s'ouvrit à la volée. Très vite, je reconnus l'uniforme de la garde anglaise, qui faisait irruption dans la salle. Une veste rouge, les revers bleus et blancs, la culotte de pantallon blanche ou noire. Des réguliers. Mousquets, pistolets et lames. Ils étaient venus en toute connaissance de cause à propos de ceux qu'ils auraient à appréhender. Etaient ce les éventuels complices de la pirate qui avaient amené les soldats ici? Je n'en savais rien. Le fait était que la situation semblait mal partie. Le regard des anglais était sans équivoque; ils étaient venus pour moi, mais je me rendais très vite compte qu'ils étaient aussi venus pour mon adversaire, au moins autant que pour moi. Je ne savais pas si je devais être ou non rassuré par la situation. Je ne voulais pas d'un allié de circonstance; encore moins d'une femme, et pire encore d'une pirate. Je n'avais déjà suffisamment pas confiance en mes propres hommes pour couvrir mes arrières, alors je ne ferais pas ami-ami avec le gibier de potence pour m'en sortir. La jeune pirate se jeta sur les gardes. Grand bien lui fasse; elle semblait pas aimer les anglais beaucoup plus que moi. J'appréciais la diversion; mais je saisis une cruche sur une table non loin pour la jeter droit dans la direction des gardes. Fuir, fuir vite. Retourner à la Mary Sanglante avant qu'il ne soit trop tard. Je ne pouvais pas dire que je ne souhaitais pas en plus sauver ma peau. Je grimpais sur la table où j'avais pris la cruche, et sautais sur mes pieds pour me hisser sur le balcon du premier étage. Je grimpais prestement, escaladant les barreaux et la rambarde. Qui disait étage disait fenêtre... Je jetais un dernier regard à la pirate, l'abandonnant à son sort. Qu'elle meure, cette chienne.


| Je te laisse en compagnie de tous ces beaux mâles virils. Ils sauront bien s'occuper d'une traînée telle que toi! |