Elisabeth & Emma

Il faisait presque nuit, alors que je déambulais dans les rues de Port Royal. Une capuche cachait mon visage et mes long cheveux, j’étais là sans avoir rien dis à personne car tout le monde se serait inquiétés. Mon excuse était une sortie à l’opéra pour initier Jayden, ma mère eut du mal à y croire mais finit par dire « C’est bien tu sors avec un garçon pour une fois » . Je me retenue de lui dire que Jayden n’était qu’un ami, rien de plus ! J’avais un rendez vous !

Pas un rendez-vous galant non … avec une amie Emma, c’était elle qui attisait quotidiennement mon amour pour la piraterie, me faisant passer des romans qu’une jeune fille de mon rang ne devait pas lire, ils étaient considérés comme des « romans interdits ». Elle était l’ennemie d’Appoline, une vendeuse chez qui j’aimais acheter mes robes. Cependant, cette Emma m’intriguait, je la trouvais mystérieuse et trop jolie avec son visage angélique. Je devais la retrouver à son lieu de travail, à la taverne le Galion. Je savais où elle se trouvait, elle m’avait longuement expliquée et puis Port Royal m’était familière.

Nous étions tellement différentes toutes les deux, comment avais-je pu me lier d’amitié avec elle ? Cela restait encore un mystère, c’était une fille des rues. Vivre dans les bas-fonds de Port Liberté, moi qui avait toujours eu un bon logis confortable et accueillant, j’ignorais ce que c’était. Je me retrouvai devant la taverne, j’avais demandé à mon cocher de me laissais un peu plus loin, il avait l’habitude de mes petites fugues dans des lieux que je ne devrais guère fréquenter.

J’entrai doucement, j’aperçus Emma un peu plus loin en train de servir une table. Dés que je franchis le pas de la porte, elle se tourna vers moi, étais-je en avance ? Je vis une table libre juste à côté de la porte, je mis assis. Emma s’approcha de moi, je pris soin de garder ma capuche pour le moment, je ne connaissais personne mais je ne voulais pas trop me faire remarquer.

« Tu me sers quelque chose ? J’attends que tu aies terminé. Quelque chose d’habituel, je n’ai guère l’habitude de fréquenter des endroits de ce genre. »

Je chuchotai pour qu’il n’y ait qu’Emma qui entende ce que j’avais à lui dire. Cette taverne était propre, belle et lumineuse j’étais très surprise, j’imaginais un endroit laid et lugubre. En revanche, j’étais à la merci des pirates ici, j’étais sur leur plate bande et en plus sans défense. Emma avait un fort caractère, je comptais sur elle en cas de problème, elle m’accordait sa confiance et se confiée à moi, j’avais un peu plus de mal de mon côté mais cela viendrait avec le temps.

Quand Emma termina de travailler, elle m'entraina hors du Galion. Je compris rapidement que le soir, il était mieux pour une dame de mon rang de ne pas fréquenter ces endroits là. Je croyais qu’on y resterait, innocente petite Elisabeth. Il faisait froid dehors, je sentais le froid s’abattre sur mon visage qui n’était plus protégé, j’étais une petite nature et j’avais tout le temps froid, j’étais comme ça et je ne pouvais rien y faire. Plus le temps avançait, plus les rues de Port Royal se vidait, les gens se retrouvaient dans les lieux fréquentés la nuit. Nous marchions le long des quais, j’aimais beaucoup être à la fois sur la terre et avoir la vision de la mer. L’eau calme allait s’échouer sur la coque des bateaux accostaient aux quais, une brise fine se levait et faisait bouger quelques unes de mes mèches de cheveux. Je soupirai.

« L’air de la mer … »

Je me sentais mieux, je n’étais guère en sécurité dans les rues de Port Royal en pleine nuit, mais j’étais en terrain connu là au moins ! Les seules fois où je sortais la nuit, ma mère exigeait que je sois accompagnée, Jayden se chargeait souvent de cela.

« Ta journée s’est bien passée ? La taverne est propre, j’ai été surprise ! C’est dont là où tu travailles, j’ai enfin vu ce fameux lieu. Intéressant. »

Sur les quais, l’odeur n’était pas toujours des plus agréables mais la vue de la mer et le bruit des vagues me faisaient oublier cela. Je me posais beaucoup de questions sur Emma, quel joli prénom d’ailleurs, avait-elle déjà embarqué ? Surement comment avait-elle le voyage de Port Liberté jusqu’ici ? Comme était-ce Port Liberté ? La capitale des pirates. Je mourrai d’envie d’y faire un tour. Emma, une pirate au service du roi des pirates m’avait-elle dit, que tout cela était excitant. Sa vie devait être plus palpitante que la mienne, je vivais dans un monde monotone et répétitif. Un frisson de froid envahit tout mon cœur, j’avais les mains et le visage gelait mais le reste ça allait. J’étais trois fois plus habillée qu’Emma, elle devait être habituée aux rudes conditions de vie des pirates, même si elle travaillait à terre. Pour briser le silence, je continuais mes questions, j’avais peur d’être trop curieuse ou trop indiscrète mais une multitude de questions traversées mon esprit.

« Que fais-tu au Galion ? A part travailler bien sur, enfin sauf si c’est un secret. Toutefois à qui veux-tu que je le raconte…je n’ai aucun contact avec d’autres pirates à part toi »

Plus j’apprenais à connaitre Emma, plus elle devenait un modèle certes elle n’était pas parfaite, mais je n’avais qu’elle comme amie pirate. J’avais beaucoup de choses à apprendre, et plus j’en savais sur cet univers complètement contraire au mien, plus j’avais l’impression de me rapprocher de Lou-Ann. Ce que j’ignorais alors, c’était que toutes les informations que me donnaient Emma, me servirait plus tard…

Nous marchions toujours, j’étais bien un peu inquiète mais sereine. J’aimais sa présence, j’aimais son côté pirate. Si Emma voulait devenir une pirate en mer, j’aspirais secrètement à la même chose : être comme Lou-Ann. Emma m’expliqua ce qu’elle faisait là, je compris qu’elle ne veuille pas m’en dire beaucoup. Je savais garder un secret, il était rare que les secrets ne soit pas révélés dans le monde des aristocrates. Lors des soirées, les femmes cancanaient et se moquaient des sottes qui avaient raconté un secret à « leur amie ». Il fallait faire attention dans ce milieu de ne pas faire confiance à n’importe qui – un peu comme dans la piraterie. Ma famille était liée à la piraterie, cela pouvait en surprendre plus d’un, fille d’un ancien gouverneur et avoir pour un oncle le capitaine d’Audacia, on évitait de trop en parler. Je ne faisais pas impasse à se côté de la famille De La Suarez moi !

« Bien sur je comprends, ne t’en fais pas ! Je ne dirai rien, je sais garder un secret. »

Emma me remit gentiment à ma place, j’étais un peu vexée mais je m’y attendais. Je ne lui en voulais pas, mais mon ego en prit un coup. Les quartiers de Port Royal étaient peu certains la nuit, j’évitais de le montrer mais j’avais peur, si un corsaire était apparu ? S’il nous avait attaquées ? Ou pire… Emma était un petit gabarit elle aussi, certes avec un plus fort caractère, mais s’il arrivait à plusieurs ? J’avais déjà assisté à une rixe entre pirates, j’en étais ressortie toute émoustiller. J’avais la manie d’être toujours au mauvais endroit, au mauvais moment.

J’étais sa confidente, Emma se confiait à moi, on n’avait peu d’occasion de se voir. Des rencontres secrètes qui me demandaient beaucoup d’organisation. Jusqu’à présent, tout s’était passé sans trop de problème sauf une fois où nous avions du jouer à cache-cache avec Appoline, je ne voulais pas qu’elle est une mauvaise image de moi si elle me voyait fréquenter Emma. La nuit était tombée et j’avais un mauvais pressentiment, à pars un corsaire mal intentionné ou un voleur en voulant à mes quelques bijoux secrets - je n’avais rien à craindre. Cependant, Emma n’était pas blanche comme neige ! Elle avait du se faire des ennemis au cours de ses missions. Je stoppai Emma, la prenant par le bras violemment. J’étais en panique, j’avais peur. Mon cœur s’emballait alors que mes sentiments allaient bientôt être justifiés à notre grand désarroi à toutes les deux.

« Emma, je ne suis pas en confiance ici. J’ai peur, un corsaire pourrait nous tomber dessus. Tu imagines ? Allons dans un endroit plus sur que les quais près des tavernes et auberges mal fréquentaient. »

Il valait peut-être mieux que nous rentrions, soit chez Emma soit chez moi peu importe, si nous étions discrètes personne ne nous remarquerait, le manoir était vaste et le jardin était aménagé nous pouvions rester dehors et je me sentirai plus en sécurité qu’ici, au milieu des navires, corsaires et autres bandits rodant la nuit à la recherche de chair fraiche…

Accompagnée d’Emma, je me mis à accélérer suivant l’allure rapide de la belle pirate. Elle m’emmenait chez elle, je ne m’attendais pas un palace, non loin de moi l’idée cependant allait chez elle me mettait grandement en danger. Je connaitrais alors la cachette de la belle espionne, je risquais de me faire couper la gorge moi – d’un autre côté si je restais ici aussi je risquais de me faire tuer. On enfreignait toutes les deux les ordres que nous avions reçu, c’est pour cela qu’on se voyait secrètement. Jusqu’à présent, rien nous été arrivé de grave.

D’un coup, tout mon être se figea, des rires d’hommes retentirent dans le noir. Emma me poussa sur le côté dans une petite ruelle où il faisait tout noir. J’allais râler comme à mon habitude, mais je compris alors qu’elle faisait cela pour me protéger et me cacher. Emma me fit comprendre de me calmer et surtout de ne pas faire le moindre de bruit, je devais contenir ma respiration ce qui n’était pas une mince à faire fallait bien l’avouer. Des bruits de pas se fient bientôt entendre, accompagnés d’une odeur forte d’alcool à laquelle je n’étais point habituée. Mon dieu, Elisabeth ressaisit toi. Ils nous avaient repérées, mon parfum ? C’était ça qu’il avait senti j’en étais quasiment certaine.

Je mis ma main devant ma bouche, j’étais terrifiée… Je cherchais à prendre la main d’Emma, mais dans l’obscurité je ne trouvai pas son bras. Les deux corsaires s’approchèrent de notre cachette qui n’en n’était pas une. J’ignorais ce que savait faire Emma, il est vrai qu’au lieu de parfois lui poser des questions inutiles j’aurai pu lui demander. Voler l’épée à un corsaire ? Je me tournai, je ne voyais pas sur quoi débouchée cette ruelle mais fuir était notre seul espoir. Je saisis enfin le bras d’Emma, l’entrainant vers le fond de cette ruelle ? Une idée me vint alors à l’esprit, et si c’était une impasse ?

Je me mis à reculer, s’il fallait faire face aux corsaires autant que je le sache tout de suite !! Je paniquais déjà de toute façon. Si je bougeais ma robe ferait surement du bruit… Ils avaient parlé d’une Aphrodite, je ne cherchais guère à comprendre j’avais autre chose qui me contrarié à ce moment-là. Il aurait fallu un miracle pour sortir vivante de cette situation. J’étais tétanisée, qu’allait-il advenir de nous ? Je reculais doucement à tâtons, longeant le mur en espérant de trouver une faille pour qu’on puisse avec Emma nous faufilait comme deux souris. J’attendais qu’un soldat, un brave homme, un pirate ou même des catins passent par là, et viennent distraire ces deux corsaires. J’essayais de trouver du réconfort en Emma, mais je ne la voyais pas, je ne la sentais plus autour de moi. Mon cœur était serré, j’avais mal, j’avais peur…

Nous reculions doucement, j’essayais de faire le moins de bruits possible ce n’était pas facile je n’étais pas vraiment du genre discrète. J’essayais de tenir ma robe pour pas qu’on entende mes mouvements, j’essayais de retenir ma respiration, je cherchais la main d’Emma pour me rassurer même si celle-ci m’attrapa l’épaule. Je n’avais pas pensé un seul instant à mes escarpins, mon talon claqua sur le sol malgré m’a retenue et le fait que je me faisais aussi petite qu’une fourmi, et aussi légère qu’une plume. Un bruit retentit, tout mon être se figea, il me sembla que mon cœur arrêta même de battre. Nous étions fichus, j’eus une pensée pour ma sœur et ma sœur, et Lou-Ann bien sur. C’était la fin, ils feraient qu’une bouchée de nous !

Les corsaires nous trouvèrent, comment faire pour échapper à ces hommes ? Je cherchais une idée intelligente, et maligne mais je fus déconcentrée par une forte lueur dans mes yeux qui me fit tournée la tête, les corsaires tenaient une torche à la main. J’aperçus pendant un instant le visage de notre bourreau, aussi longtemps que je vivrai je me souviendrai de ce visage. Ils déguénèrent leur épées, ça allait se corser. Ma peur était partie, enfin elle était là mais j’étais prête à me battre comme je pouvais s’il fallait ! Emma me fit signe de courir vers le fond de la ruelle, j’exécutai ses ordres à la lettre, elle savait mieux que moi.

J’avais des points de côtés, j’avais du mal à respirer, je n’avais guère l’habitude de faire un effort et courir n’était pas vraiment ce que je faisais tous les jours. Je devais ressemblait à rien, en courant ma coiffure était totalement tombée, la course allait-elle continuer dans la grande avenue qui s’offrait à nous ? Une issue de secours peut-être. Je repris mes esprits, que déjà je me rendis compte qu’ils avaient Emma mon dieu qu’allais-je faire ? Je cherchais quelque chose pour me battre n’importe quoi, j’aperçus l’épée un peu plus loin en me dépêchant je pourrai la prendre, mais une question me traversa l’esprit : est-ce lourd une épée ?

J’avais mal au pied, en faites j’avais mal partout, tout mon être souffrait. Mais il était hors de question que j’abandonne Emma lâchement comme cela, je me voyais déjà morte, mais qu’importe. Les amis avant tout ! J’ai pris mon courage à deux mains, et je me mis à courir en direction des pirates, Emma se débattait toujours. Je saisis l’épée à deux mains, car oui en effet, pour une petite demoiselle comme moi l’épée était lourde. Je ne savais guère m’en servir, mais tant pis j’avais déjà vu faire. J’eus du mal à soulever l’épée du sol, mais ma volonté était plus forte que tout, je réussis à taper un corsaire avant que celui-ci se rende compte de ma présence. Je lui entaillai la main, me retenant presque de m’excuser et me demandant que j’avais pu faire cela. Il lâcha Emma, pour s’en prendre à moi en même temps que je lâchai l’épée dans sa direction, en espérant qu’elle la saisisse. Je me mis à courir même si je savais que je n’irai pas loin, je cherchais un objet quelque chose pour assommer ces deux hommes mal intentionnés. Tout mon espoir résidait en Emma, j’étais à bout de force. Ma prochaine solution était de crier à l’aide le plus fort possible en espérant que quelqu’un vienne nous secourir…

Je continuais à courir, courir sans trop m’éloigner d’Emma et revenant fréquemment en arrière. Ma robe volumineuse me gênait, l’espace d’un instant j’ai même pensé à la couper, à la déchirer. Emma se jeta sur l’épée, la saisit et commença un combat acharné avec l’un des deux corsaires – l’autre trop occupé à me courir après. Je mettais entailler la main avec cette épée ! Je me voyais déjà agonisante, presque mort mais il fallait que je sois sorte ! J’entendis les épées qui s’entrechoquaient dans un fracas. Pourvu qu’il n’arrive rien à Emma, dans quel pétrin nous nous étions encore fourrées. Je devrai rentrer en douce chez moi pour que personne voit mon état, je ne ressemblais plus à rien.

Je faisais preuve d’un courage inconnu alors, je devais tenir ça de mon père à qui je ressemblais énormément. Le corsaire blessa Emma, au bras et à la jambe, ses blessures avaient l’air beaucoup plus grave que les miennes. Je crois qu’à ma place je me serai évanouie. Elle était, néanmoins venue à bout d’un corsaire. Pendant le temps qu’Emma mettait à terre son ennemi ! Je m’étais considérablement éloignée, le corsaire me coursait toujours et je n’avais plus pu faire demi-tour car il me bloquait à chaque fois. Il avait compris que je restai proche de mon amie.

Je ne savais plus où j’étais, ayant tournée n’importe où espérant que je tomberai sur des soldats qui viendraient à la rescousse d’une jolie demoiselle en détresse. Je tournai dans la dernière rue, quand je vis que c’était une impasse isolée et abandonnée, je cru que ça en était finis pour moi. Le corsaire me prit le bras, j’allais me laisser mourir, je ne pouvais plus rien faire, j’étais perdue, seule contre lui. J’étais à bout de souffle, j’avais mal partout, utilisant mes dernières forces je me mis à crier :

▬ Au secours, quelqu’un peut m’aider ? Emma ?

Des larmes ruisselaient le long de mes joues alors que je m’effondrai à terre. Je sanglotai, j’avais froid, j’avais peur – tout allait mal ! Je savais qu’Emma devait être saine et sauve et cela me réchauffait le cœur, et l’emplissait de bonheur. Je fermai les yeux, et d’un coup le flou puis le noir total. Mon esprit se ferma, je sentis ma joue touchait le parvis froid et humide, mes cheveux au milieu de la saleté de cette ruelle qui serait la dernière vision que j’allais avoir de la vie. Inconsciente, le corsaire aurait pu faire n’importe quoi de moi – je n’étais plus qu’un tas de poussière. Je venais de m’évanouir, trop d’émotions pour une petite aristocrate qui ne connaissait l’aventure et l’action qu’à travers les pages de livres interdits que j’arrivais à me procurer secrètement !

J'arpentais les rues, elles défilaient devant mes yeux à pertes de vue. L'idée de revoir Elisabeth morte et gisant sur la chaussée me faisait paniquer. Si le corsaire l'avait attrapé, il avait du faire ce qu'il voulait d'elle. Elle avait du être son pantin, et lui avait du s'amuser à tirer les ficelles entre deux gorgées de bière. Cela faisait déjà une bonne heure que je courrais dans tous les sens à la recherche d'Elisabeth ou même du moindre indice qui pourrait me mettre sur sa trace. Elle pouvait être n'importe où. Les rues étaients désertes, je ne pouvais demander à personne s'ils avaient vus une jeune fille, aristocrate, courir et effrayée, et en plus de cela, poursuivit par un corsaire au rire gras. La probabilité de la retrouver morte était tellement énorme que je perdis espoir peu à peu, et laissait couler des larmes sur mes joues sans m'en rendre compte. Je n'avais pas pleurer depuis si longtemps. Je me suis vite rendit compte que cela ne servait à rien. Personne n'était là pour me réconforter et la seule personne sur qui je pouvais compter était moi. Mais Elisabeth comptait sur moi, et je ne pouvais pas la laisser tomber et simplement rentrer chez moi. Je chercherais le temps qu'il faudra jusqu'à la retrouver.

Un silence de mort régnait dans les rues pavés, quand j'entendis sangloter. Etait-ce Elisabeth ? Je courus tout en suivant ce bruit qui m'ammena jusqu'à un fiacre, et derrière celui-ci se tenait une des plus jolies filles de Port-Royal. Elisabeth De La Suarez, jeune aristocrate de 19 ans à la recherche de sensations fortes et qui avait eu le malheur de se lier d'amitié avec une pauvre orpheline des rues pas foutue de la protéger et existant juste pour servir des verres et effectuer quelques missions pour le roi des pirates. Finalement elle n'était pas grand chose. Mais cela avait suffit pour avoir faillis perdre Elisabeth, et cela était bien trop important pour faire comme de si rien était.

Elisabeth semblait bien se porter, et celle-ci la rassura que rien ne lui était arriver. Elle ne rentra pas plus dans les détails et je ne lui en demandais pas plus. L'épreuve du être rude et je n'allais pas insister. Elle m'assura qu'elle allait appeler quelqu'un, inventer une histoire sur son absence et allait se reposer.

▬ Elisabeth. Je crois qu'il faut qu'on arrête de se voir. C'est bien trop dangereux pour toi, et ce soir en est la preuve. On va faire comme si on ne s'était jamais connues et nous oublier.

J'avais lâcher ça d'une traite, et je partis sur ces mots, laissant Elisabeth bouche-bée. Celle-ci ne comprenait pas. Cela faisait tellement de mal de me dire que je ne la reverrais plus, mais c'était mieux ainsi, pour sa sécurité. Je n'étais pas une fille fréquentable, je devais rester avec les gens de mon milieux, et elle du sien. Une amitié comme la nôtre serait difficile d'oublier mais c'était pour son bien, et c'était l'une des plus belles preuves d'amitié que j'étais capable de lui donner...

Je n’avais plus conscience de combien de temps cela faisait que nous avions commencé notre courses avec Emma. Je m’étais effondrée là près d’un fiacre, mal aux pieds, jambe en compote. Je sanglotais. J’avais froid. Je ne me sentais pas bien. Je levai les yeux. J’étais assise par terre. Je souris à Emma.

« Je vais bien, ne t’en fais pas. Un peu secouée… Je vais appeler quelqu’un et je vais rentrer je crois.»

Je fus surprise par les propos qui suivirent, Emma voulait me protéger. Je la comprenais je n’étais pas faites pour ce monde. Elle partit comme ça me laissant là par terre, au milieu de mes larmes. Elle s’éloigna quelque peu mais je n’avais pas la force de rester seule. J’aurai pu mourir cette nuit. Nous vivions dans un monde bien désastreux. Je me levai, remis en place ce qu’il restait de ma robe – un réflexe quotidien. Je couru rattraper Emma, et l’attrapa par le bras.

« Non attends… »

Je faisais peine à voir, on aurait dit une pauvre malheureuse sans sous pour s’acheter de quoi se vêtir. Emma était comme un petit bout de moi, une partie qui me faisait rêver, une partie de ma famille était des pirates. Emma était une pirate, c’était à ce jour la seule personne qui me permettait de me rapprocher de cet univers. De Lou-Ann… Emma représentait ce que je voulais être, certes ce monde était impitoyable mais je voulais être forte. Savoir me battre et me descendre de ces corsaires assoiffés de chair de jeune vierge. J’aurai d’or et déjà une alliée en la personne d’Emma. Je ne voulais pas la perdre, pas maintenant. Notre amitié était compliqué certes… mais pas impossible !

« Accompagnes-moi jusqu’à chez moi. J’ai peur Emma. Ne me laisses pas, ce n’était pas de ta faute les corsaires. Nous étions juste au mauvais endroit au mauvais moment c’est tout ! »

Je tenais beaucoup à ce visage de porcelaine qui cachait en elle un caractère bien trempé à qui il ne fallait pas chercher des problèmes. Je voulais avoir mon caractère mais avec cette force moral, et ce courage. Elle n’avait pas eu peur, sauf pour moi… Alors que moi j’avais été morte de peur tout le long. Emma était la liberté, cet espoir flamboiement, cette petite flamme dans mon cœur qui se ravivait à chaque fois que le mot pirate parvenait à mes oreilles. Je séchai mes larmes avec ma manche, et remis derrière mon oreille une mèche tombait sur mon visage. J’avais besoin de repos, j’avais déjà assisté à des rixes mais jamais je n’avais été la victime. Cela m’avait secouée et j’étais très fatiguée. Je regardais Emma, peut-être ne voulait-elle plus me voir ? C’était mon parfum qui avait attiré les corsaires, c’était donc de ma faute… Le bas de ma robe était toute noir, elle avait trainé par terre sur le parvis.

« Je tiens à toi tu sais. »

Je l’aimais ma petite pirate, tant de courage dans un si petit gabarit. J’étais possessive et tenace. Même si Emma voulait pour ma sécurité que l’on arrête de ce voir je n’étais pas du tout du même avis. Il m’en faudrait bien plus pour se débarrasser de moi…